Juillet 1993 – Juillet 2013
Nous voici à Seica Mare…
Encore quelques mètres à parcourir et nous retrouverons nos amis roumains.
Un accueil chaleureux: retrouvailles pour certains, découvertes pour d’autres, embrassades, sourires, pot d’amitié avec dégustation de délicieuses spécialités roumaines.
Direction Buia (à une dizaine de kms de Seica Mare) en charrette.
Accueil traditionnel avec la cérémonie du pain et du sel, le tout accompagné de chants de bienvenue.
Nous partageons de savoureux moments autour de la musique, des danses roumaines et bretonnes orchestrées par Gégé, des chants sans oublier les petits moments de complicité….
Balade dans les environs de Buia.
Cérémonies du 20ème anniversaire
Le 20 juillet se sont déroulées, en présence des maires des deux villes jumelles, les festivités du 20ème anniversaire du jumelage dans une ambiance très détendue et amicale.
Beaucoup d’émotion lors du rappel de l’historique du Jumelage.
Que de chemins parcourus depuis les premiers échanges entre les deux communes…
Ancienne et nouvelle école maternelle.
Au fond de la salle de classe, la fresque réalisée au cours du centre de loisirs de l’été 2012.
Le collège rénové.
L’accueil roumain se manifeste toujours autour de la musique, des danses, d’une table bien garnie…
Visites dans la région de Seica Mare
Forteresse de Biertan et sa chambre de réconciliation …
Approche vers le lac Baléa
Préparation du pique-nique traditionnel
Salina de la Turda (ancienne mine de sel transformée en centre de loisirs et de santé)
Des lacs salés Negru Lacul et Ocna Sibiulu
Ocna Sibiului est une station touristique installée sur un sous-sol salin. Très prisée par les habitants de la région de Sibiu, on peut y prendre des bains de sel, des bains de boue. On y rencontre des hommes blancs, des hommes noirs, des hommes de boue debout !
Sibiu : aux pieds des Carpates, capitale européenne de la culture en 2007, jumelée avec Rennes
Piata Mare
Le pont des « mensonges »
Les « vélib » de Sibiu
Irène et Joël, à Sibiu, première étape de leur long périple qui va les ramener à Acigné…
Paltinis : 1450 m, station de sports d’hiver à 35 kms de Sibiu
Aperçu de la ville de Sibiu
Angelina
Il y a vingt ans, Angelina participait au voyage en France avec un groupe de Roumains de Seica Mare venus officialiser le jumelage avec Acigné. Dans la spontanéité de ses dix sept ans, elle avait « scotché » l’auditoire et les officiels en déclamant le poème d’Aragon :
Je vous salue ma France, arrachée aux fantômes !
Ô rendue à la paix ! Vaisseau sauvé des eaux…
Pays qui chante : Orléans, Beaugency, Vendôme !
Cloches, cloches, sonnez l’angélus des oiseaux !
……..
Heureuse et forte enfin qui portez pour écharpe
Cet arc-en-ciel témoin qu’il ne tonnera plus,
Liberté dont frémit le silence des harpes,
Ma France d’au-delà le déluge, salut !
Louis Aragon, Le Musée Grévin, 1943
Ces vers emblématiques célébrant la Libération l’étaient aussi pour les Roumains sortant de 50 ans de dictature… Vingt ans plus tard, l’émotion est encore tangible lorsqu’ils saluent l’amitié en œuvre depuis toutes ces années.
Aujourd’hui Angelina est mariée, elle vit toujours à Seica Mare où elle prend une part active dans l’association du jumelage. Cette frêle jeune femme donne une image singulière de la Roumanie traversée par les mutations qu’impose l’adaptation à l’Europe et enracinée dans la vie traditionnelle.
Angelina et son mari Madelin vivent dans la maison familiale, dans un quartier un peu excentré, au-delà de la gare. Trois générations y cohabitent : les grands-parents qui ont plus de 80 ans, Josef et Anna, Maria, leur fille, mère d’Angelina, veuve depuis une quinzaine d’années.
Tout le monde partage la cuisine et la salle de bain, mais chaque couple, mais aussi Maria, dispose d’une chambre et d’un salon personnels. L’appartement d’Angelina et Madelin est à l’étage, on y accède par un escalier indépendant, la décoration crée une ambiance intime. Pendant notre séjour chacun vit à son rythme, les parents prenant leurs repas dans leurs appartements alors que nous occupons la cuisine avec Angelina et Madelin. Le gros problème du moment, c’est l’eau. Bien que la maison soit théoriquement alimentée par deux systèmes, c’est la pénurie et il faut être très attentif aux heures de coupure. Le service d’eau municipal n’a pas la capacité suffisante pour subvenir aux besoins du quartier, un service d’eau privé existe donc, mais une canalisation s’est rompue… la veille de notre arrivée et ne sera définitivement réparée qu’après le week-end. Cela nous replonge au temps pas si lointain où les salles de bain n’existaient pas dans les maisons bretonnes et où il fallait économiser l’eau.
En été, le lieu de rencontre, c’est la cour, fermée sur un côté par l’atelier. C’est le domaine du grand père qui y fabrique des boisseaux et a initié Madelin à son art. A côté, la basse-cour : toute la famille participe à l’entretien des poules, des lapins et du cochon ! Derrière, dans le grand potager, Maria cultive les légumes qui alimentent la famille pendant la majeure partie de l’année : les poivrons et les tomates que l’on mange au petit déjeuner, les aubergines, oignons, courgettes que l’on retrouve dans les conserves de zakouska (elle nous a donné la recette).
Madelin travaille sur la ligne de chemin de fer entre Sibiu et Seica Mare. Angelina enseigne la géographie environnementale à Copsa Mica. Elle s’y rend tous les jours, en stop ! Ca marche ! Faire le trajet en voiture reviendrait très cher. Copsa Mica garde de son passé industriel la sinistre réputation de ville la plus polluée d’Europe : une usine produisant du noir de carbone jusqu’en 1990 a déposé sur les maisons, sur la végétation, y compris sur les habitants une gangue noire qui n’a pas encore disparu aujourd’hui. Angelina travaille sur les effets de l’industrialisation et de la désindustrialisation : les maladies respiratoires provoquées par le haut fourneau, la réaction des habitants à la disparition des emplois…
La famille d’Angelina apparaît plutôt privilégiée : son frère et sa belle sœur travaillent et vivent près de Buia avec leur petite fille, la famille de Madelin, en revanche a été dispersée par la crise : un de ses frères travaille en Grèce, sa sœur et son autre frère ont émigré en Espagne et travaillent dans un restaurant de la Costa Brava. Madelin et Angelina restés au pays, se sentent très responsables de leurs parents âgés.